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Afin de comprendre ses motivations,  voici un extrait de l’interview qu’il a accordé  à la publication « LE CHOIX DES LIBRAIRES.COM ».

 

Qui êtes-vous Yves Le Denn ?

J’ai publié ma première nouvelle au milieu des années 1960, puis les nécessités de la vie professionnelle m’ont contraint à abandonner son projet. Depuis quelques années, j’ai pu disposer d’un peu plus temps ce qui m’a permis d’écrire : Kathy, Société des Écrivains, 2009 ; L’Homme qui devait mourir, Éditions Bénévent, 2011 ; La dame blanche, Éditions Bénévent, 2012 et  Anamorphose –Tome 1, Home-jacking, les éditions Chapitre.com, 2015, puis la suite d’Anamorphose Tome 2, Faites et causes et enfin un ouvrage qui me tenait à cœur sur la vie douloureuse des Français pendant la première moitié du XXe siècle.

– Quel est le thème central de votre dernier ouvrage « D’une guerre à l’autre ?

L’un des personnages  a perdu, lors de la Grande Guerre, ses deux fils et toutes ses économies se sont envolées pour soutenir l’effort de guerre. Sa petite fille, orpheline à cinq ans, a été ensevelie dans la cave de sa boutique par les bombardements alliés lors de la deuxième guerre mondiale. 

Pourtant ces personnes, qui ne sont pas des héros, ont réussi à traverser dignement les deux grands conflits mondiaux du XXe siècle.

– Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?

À propos de la bataille de la Somme, l’un des personnages déclare :

« Le Santerre n’est plus une terre, nous disait-il, parlant comme un automate et le regard vide, mais une terre de sang et de boue. »

– Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?

La neuvième symphonie de  DVORAK qui symbolise bien le passage d’une époque vers un autre monde. 

                  

– Qu'aimeriez-vous partager avec les lecteurs en priorité ?

Le goût de mes personnages pour la persévérance et l’envie de vivre.

– Avez-vous des rituels d’écrivain ? (Choix du lieu, de l’horaire, d’une musique de fond)

Dans le silence du matin. En été quand le soleil se lève et que les oiseaux commencent à chanter et l’hiver quand la maison est calme. J’ai la chance de travailler en face de la chaîne des Pyrénéens et j’ai le mont Vallier dans mon champ de vision.

–  Comment vous est venue l'inspiration ?

Né après la libération, il fallait que je témoigne du courage de ceux qui m’avaient précédé en Picardie, terre de toutes les invasions et de toutes les souffrances, durant la douloureuse période des deux grands conflits mondiaux du XXe siècle. J’ai cherché, au travers de témoignages et de textes des différentes époques évoquées, à me mettre à la place de mes personnages et à reconstituer ce qui était leur vie avant, pendant et après que la cité qui m’a vu naître ne devienne une ville martyre, détruite par l’invasion allemande et les bombardements alliés.

 

– Comment l'écriture est-elle entrée dans votre vie ? Vous êtes-vous dit enfant ou adolescent « un jour j’écrirai des livres » ?

Ma première nouvelle a été publiée à la fin des années 60, donc ma vocation ne date pas d’hier, mais le temps m’a manqué. J’ai fait passer en priorité ma vie familiale et professionnelle.

 

– Que pouvez-vous dire à propos de vos autres livres ?

Pour les deux volumes d’Anamorphose, je vous renvoie vers l’article publié dans un journal parisien en 2015.  

" Partant d'une banale enquête de home-jacking, les gendarmes vont découvrir des délits plus graves et d'une amplitude dépassant le cadre de la petite délinquance de banlieue.

Personne, parmi les enquêteurs officiels, ne s'est intéressé aux profils des personnes présentes sur les lieux lors de la catastrophe d’AZF, or, ce sont eux qui vont constituer le fond de cette l'histoire, entrainés par des bandits au pédigrée impressionnant qui sont souvent passé au travers  des mailles des filets de la Justice.

Les deux principaux enquêteurs, l'une, jeune capitaine d'une brigade spéciale de la gendarmerie, et l'autre, journaliste chevronné, vont associer leurs différentes expériences pour débusquer les véritables organisateurs d'une organisation mafieuse de taille internationale.

 

Anamorphose- tome 1 « Home-Jacking » raconte l'histoire de Simon Dumoulin, journaliste expérimenté qui enquête sur des faits de violence ordinaire à Toulouse. Sa rencontre avec la capitaine de gendarmerie, Stéphanie Poucet, va être l'occasion pour lui d'ajouter des éléments nouveaux à l'enquête qu'il avait menée en 2001 au sujet de l'explosion mystérieuse de l'usine AZF, provoquant la mort de 30 personnes.

 

Dans le deuxième volume,  suite d’Anamorphose – Tome 2 – Faits et causes,   la capitaine Stéphanie Poucet  et le journaliste Simon Dumoulin continuent à se trouver confrontés à l’éternelle recherche de la vérité sur la tragédie de l’explosion à l’usine AZF de Toulouse dont ils vont peu à peu démêler l’incroyable écheveau, où se mêlent imprudences et coïncidences, masquées derrière une enquête menée dans une seule direction depuis le début.    .

 

 « Sur la vingtaine de thèses, trois se détachent, affirme-t-il : celle de l'accident à AZF –qui a été retenue au moment du procès–et a abouti à la condamnation de Total, la piste islamique qui a été volontairement abandonnée et, enfin, la piste de l'accident au niveau d'un transformateur EDF situé dans de la poudrerie qui se trouvait en face d'AZF et qui aurait été le détonateur.»

Yves Le Denn estime que le procès qui s'est déroulé en 2009 était «de la poudre aux yeux». «Mon rôle est de soulever des interrogations. Toutes les minutes du dossier étaient publiées sur Internet juste après le procès. Je les ai lues.»

Avec son roman ancré dans une réalité dérangeante, Yves Le Denn espère interpeller le lecteur. D'autant que l'affaire est appelée à être jugée à nouveau, cette fois à Paris.

 

– Vos autres romans obéissent-ils aux mêmes critères ?

Ce n’est pas par hasard que j’ai mis en exergue de  « La dame blanche » cette phrase de Georges Duhamel : 

« Le romancier est l'historien du présent, alors que l'historien est le romancier du passé. »

J’ai pensé que celle-ci situait bien le fil conducteur que je m’étais fixé : nous sommes les héritiers de ce que nos ancêtres ont vécu et éprouvé. L’intrigue policière, comme dans certains de mes romans, n’est qu’un artifice pour nous inciter à regarder le présent au travers des événements du passé.

Celui-ci ne peut – et ne doit jamais – être occulté

La période révolutionnaire – et en particulier de la Terreur –, qui sert de support à l’intrigue, est une remise en cause agitée et parfois obscure ou controversée de notre Histoire. Puisse cette histoire, purement fictive, nous faire réfléchir sur les événements que nous subissons au présent et sur les acteurs de ceux-ci.

Dans mon précédent roman « l’Homme qui devait mourir » j’ai cité le refrain de l’une des chansons de Guy Béart: « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté ». Mais je devrais aussi compléter ce propos par une réponse qu’il donnait à une journaliste qui l’interviewait (de mémoire, je pense qu’il s’agissait de Denise Glaser dans son incontournable et inoubliable émission Discorama) :

«  Le seul homme qui nous apporte un message est le facteur ».

Cette petite phrase doit rendre humble tous ceux qui souhaitent s’exprimer car les messages ne sont perçus et interprétés que par ceux qui les écoutent.

C’est pourquoi mes ouvrages sont comme des bouteilles lancées à la mer dans lesquels chacun doit y trouver, après les avoir lu, la vérité qu’il découvrira en ouvrant les yeux autour de lui et dont il tirera les conclusions qui lui seront personnelles.

Dans mon premier roman, Kathy, pauvre gamine perdue dans le monde de la mode, est victime du don que son corps possède d’accrocher les objectifs des photographes. Certaines s’en sortent bien, mais d’autres sont mortes de cette tyrannie de l’image. Je dénonce dans ce livre la tyrannie des défilés de mode qui incite les jeunes filles à la maigreur et les pousse à l’anorexie, soutenues par l’alcool et la drogue.

Dans « L’homme qui devait mourir » Félix Mattéi, homme politique et journaliste, a été abattu car il a aboyé comme un chien (selon la terminologie mitterrandienne), plutôt que de hurler avec les loups. Homme se voulant libre, il refuse de se laisser corrompre par le pouvoir et par les idées présentées dans un bel emballage. La période où se situe l’action est importante, car les Français sont appelés à se prononcer pour ou contre le projet d’une constitution européenne.  Félix Mattéi est également l’auteur d’un ouvrage sur les dangers de la montée de l’islamisme. Il s’interroge également sur l’absence de réponse des circonstances de la mort des moines de Tibhirine, ou sur les responsables de l’attentat dont a été victime Rafiq Hariri.

Chacun de  mes romans, que l’on peut qualifier de policier si on souhaite les mettre sur une étagère spécifique, laisse derrière lui des cadavres – symboliques dans l’ouvrage– mais réels dans la vraie vie. La liste des victimes est longue et la vérité est souvent travestie. Je pense au suicide de Robert Boulin et à celui de François de Grossouvre, comme à l’exécution de Yann Piat, ou à la chute mortelle  du juge Borrel."

Le Courrier des Yvelines, 2015

 

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